Le château de Villette à Sarron, dans l’Oise

Il fut construit autour de 1760 par Pierre-Charles de Villette, qui venait d’acheter la terre du Plessis-Longueau avec les prérogatives seigneuriales qui lui étaient attachées, et qui fut érigée à son profit en marquisat par Louis XV en 1763. Il réutilisa les pierres de divers manoirs menaçant ruine sur des terrains voisins lui appartenant, comme le château Coustard à Fontaine-le-Comte, au-delà des Ageux, ainsi que celles du château de Verneuil-en-Halatte, l’un des « très admirables bâtiments de France », œuvre de Salomon de Brosse, démoli quelques années auparavant, qui lui avaient été offertes par le prince de Condé. Dans les années 1780, à la demande de Charles de Villette, le paysagiste Le Court transforma son jardin à la française en un jardin à l’anglaise, sur le modèle de celui que l’on peut encore voir de nos jours à Trianon.

Le domaine souffrit beaucoup en 1793 et 1794. La marquise de Villette s’y installa avec ses enfants en 1795. À la mort de sa fille Charlotte en 1802, elle quitta définitivement Sarron pour retourner vivre à Paris, confiant le domaine à son frère Claude-Gabriel, l’ancien garde du corps, qui fit poser l’inscription « Sauvez la reine ! » au fronton de l’orangerie en hommage à son frère François, tué à Versailles le 6 octobre 1789.

Le château fut jusqu’en 1859 la résidence du troisième marquis de Villette, qui y mourut. Le cœur de Voltaire y fut longtemps conservé, ainsi que de nombreuses œuvres d’art.



Le « tumulus » funéraire de Charles de Villette, de Belle et Bonne et de leurs enfants, près du cimetière de Villette à Sarron (Pont-Sainte-Maxence)

Le calvaire surmonté d’une croix de marine que le père de Villette fit ériger à la mémoire des mariniers morts dans le naufrage qui transportait sur l’Oise les pierres du château de Verneuil-en-Halatte destinées à la construction du sien
Au terme d’un procès qui défraya la chronique, le domaine de Villette échut à un cousin éloigné du marquis par sa grand-mère maternelle, Alfred de Montreuil, qui ne l’entretint pas et le vendit en 1900 au banquier Edgar Stern, qui fit raser le château et le remplaça par un énorme bâtiment de style néo-Louis XIII, inauguré en 1903, qui fut le théâtre de fêtes somptueuses à la Belle Époque.

L’actuel château de Villette, peu après son achèvement en 1903
L’hôtel de Villette, 27, quai Voltaire à Paris (6e) — Voltaire y mourut le 30 mai 1778

Cette maison aurait été construite au XVIIe siècle par Simon Plastrier de La Croix, le beau-père du grand trésorier de France Nicolas de Bragelongne, qui lui laissa son nom. La présidente de Bernières y loua un appartement, où elle reçut Voltaire dans les années 1720. La marquise de Grammont l’acquit trente ans plus tard, pour le revendre en viager à Charles de Villette, c’est-à-dire pour la durée de sa vie, en 1766. Le marquis y fit faire de coûteux embellissements, sous la direction de Charles de Wailly et de Bernard Poyet. Il fit notamment ajouter un belvédère auquel on accédait au moyen d’une chaise volante, préfiguration de nos ascenseurs. Voltaire y mourut le 30 mai 1778. L’hôtel constitua une étape importante du cortège qui conduisit ses cendres jusqu’au Panthéon le 11 juillet 1791. Villette s’y éteignit le 7 juillet 1793.

L’hôtel de Villette, à droite, le jour de la « fête de Voltaire », le 11 juillet 1791
Mme de Villette dut alors restituer l’hôtel à la petite-fille de Mme de Grammont, la « citoyenne » Montmorency-Laval. Ses héritiers le revendirent en 1824 à un chirurgien en chef de l’hôpital du Val-de-Grâce. L’homme de lettres Arsène Houssaye, futur administrateur de la Comédie-Française, y résida en 1843.

L’hôtel a été surélevé d’un étage au XIXe siècle et a perdu beaucoup de son caractère du temps des Lumières. Le belvédère a disparu. L’immeuble a été divisé en appartements et l’est encore aujourd’hui. De nombreux décors, dont le fameux plafond du « Zodiaque » commandé par Villette, ont été remplacés ; des boiseries ont été perdues.

L’avocat Jacques Vergès mourut dans l’un de ces logements, peut-être dans la pièce où Voltaire décéda, le 15 août 2013.


Le château de Ferney, à Ferney-Voltaire, dans l’Ain

Le domaine fut acheté en 1759 par Marie-Louise Denis, la nièce de Voltaire, en tant que prête-nom pour son oncle. Le philosophe entreprit de détruire ce qui restait du manoir médiéval et fit construire le château actuel en deux temps, d’abord entre 1758 et 1761, par un architecte dont le nom n’a pas été conservé, puis par Léonard Racle en 1765. Il y reçut l’Europe entière.

Charles de Villette, qui en novembre 1777 avait épousé Reine-Philiberte de Varicourt dans l’église paroissiale, à proximité immédiate du château, racheta le domaine à Mme Denis dans les mois qui suivirent la mort de Voltaire. Il y fit installer un « temple de mémoire », un mausolée pour le cœur du philosophe.

Villette, après l’avoir largement démembré, revendit le domaine en 1785 à Guillaume de Budé, un descendant des anciens propriétaires. Ses successeurs modifièrent la disposition des pièces. Il fut racheté par l’État en 1999.

La chambre de Voltaire à Ferney à la fin du XVIIIe siècle, avec le mausolée de son cœur
L’hôtel de Voyer d’Argenson, rue du Roi-de-Sicile à Paris (4e)

Cette demeure de quatre étages, construite au XVIIe siècle, avait appartenu à divers personnages importants, avant d’être achetée par Marc René de Voyer de Paulmy, marquis d’Argenson, lieutenant général de police au temps de Louis XIV, garde des sceaux et président du Conseil des finances sous la Régence, membre de plusieurs académies. Pierre-Charles de Villette l’acheta autour de 1750. Il fit partie de la succession de son petit-fils Charles (Voltaire) de Villette à sa mort en 1859. Il existe toujours. Le grand escalier en bois à balustres carrés a été conservé. On y accède par la rue Vieille-du-Temple.


L’auteur devant l’hôtel de Voyer d’Argenson, demeure du jeune marquis de Villette
L’hôtel d’Elbeuf, 50, rue de Vaugirard à Paris (6e)

Sis entre la rue Férou et la rue du Pot-de-Fer, juste en face de l’actuel musée du Luxembourg, d’abord hôtel de Kerveno ou de Kervenau, il fut acheté par Charles de Lorraine, prince d’Elbeuf. Pierre-Charles de Villette l’acquit en 1752 d’un certain Robillard. Reine-Philiberte Rouph de Varicourt, la veuve de Charles de Villette, s’y installa à la mort de sa fille Charlotte en 1802. Elle y fut l’âme d’une société maçonnique, la loge « Belle et Bonne », avant d’y mourir en 1822. Il fut vendu au séminaire de Saint-Sulpice dans les années 1860 lors de la liquidation de la succession du troisième marquis de Villette.
